La bruyère
Brody, Jules, Du style à la pensée: trois études sur les "Caractères" de La Bruyère,Lexington, French Forum, 1980
Gray, Floyd, La Bruyère: amateur de caractères, Paris, Nizet, 1986
Roukhomosky, Bernard, L'Esthétique de La Bruyère, Paris, SEDES, 1997
Soler, Patrice, Jean de la Bruyère: "Les Caractères", Paris, PUF, 1994 van Delft, Louis, La Bruyère, ou Du spectateur, Paris, PFSCL, 1996 van Delft, Louis, La Bruyère moraliste: quatre études sur les "Caractères", Genève, Droz, 1971 van Delft, Louis, Le Moraliste classique, Genève, Droz, 1982
3. L'honnête homme.
« Reconnaissons l'imperfection de l'homme séparé de l'homme, et l'avantage qu'a la société sur la solitude », écrit Guez de Balzac (Aristippe ou De la Cour). Toute la morale du Grand Siècle est fondée sur une morale de la vie sociale qui prône un arrangement bienséant entre la liberté du jugement personnel et les lois de la sociabilité. L'honnête homme se gardera donc de choquer par son comportement agressif ou même sa mauvaise humeur (pensons à l'Alceste de Molière). Par la maîtrise de soi, l'éclat de sa conversation et la finesse de sa culture, il saura sans hypocrisie s'adapter à la société mondaine, puisque son sens de la mesure lui fera connaître et accepter les faiblesses humaines. A ce titre, l'idéal de l'honnête homme n'est pas vraiment séparable des codes héroïques à l'œuvre dans la tragédie.
Jean de La Bruyère (1645-1696)
Les Caractères (1688)
Nous proposons ci-dessous quelques fragments des portraits qui émaillent les Caractères. Cette typologie, par laquelle La Bruyère entend stigmatiser des travers inconciliables avec l'honnêteté, nous servira à proposer des travaux d'analyse destinés à retrouver, "en creux", cette notion fondamentale de la morale classique.
Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l'oeil fixe et assuré, les épaules larges, l'estomac haut, la