La délinquance juvénile / fiche d'un article de chamboredon
Essai de construction d’objet
Jean-Claude Chamboredon
(Chercheur et enseignant à l'Ecole des hautes études en Sciences sociales)
I Délinquance juvénile et classe sociale
Les données disponibles au moment de l’écriture permettent seulement d’évaluer la délinquance des 10-18ans de chaque catégorie sociale (celle du chef de ménage), on constate une nette différence entre les classes moyennes et supérieures et les classes populaires :
Classes supérieures délinquance anomique: concentration de l’âge autour de la crise d’adolescence, faible taux de récidive, parité ou presque des sexes, part moins importante du vol.
Ils sont plus indociles envers leurs parents et envers les valeurs qu’ils transmettent, la différence entre la condition des parents et celle d’aspiration des jeunes crée des conflits.
Classes inférieures délinquance endémique: étalée dans la tranche d’âge, taux de récidive plus élevée, délinquance beaucoup plus masculine, majorité de vols.
Leur mode de vie, leurs sorties en bande les rendent plus enclins aux bagarres ou aux vols. Leur délinquance, pour 17% des cas, suit la délinquance d’un autre membre de leur famille.
Quelque soient les différences dans les chances et dans les formes de délinquance, les milieux d’où sont issus les délinquants sont, en général, aux marges de leur groupe.
Il n’y a pas de corrélation entre conflits familiaux et délinquances excepté au sein des classes moyennes.
On peut émettre l’hypothèse que c’est dans ces dernières que l’entente familiale est la plus sacrée et que lorsque celle-ci se désintègre, les effets sont plus prononcés.
D’une classe sociale à l’autre, la socialisation varie en intensité et en continuité : les enfants des classes populaires accèdent plus tôt au statut d’adulte et sont donc vite moins encadrés tandis que l’adolescence de ceux des classes supérieures est plus longue, plus réglée et mieux contrôlée.
Les délits commis n’ont du coup pas la même