La guerre : mal nécessaire ou mal détestable ?
Sauf qu’elle pourrait aussi être nécessaire comme conséquence d’une configuration de faits contingente, et si les maladies ont bien des causes naturelles, on ne cherche pas moins à s’en prémunir. De quoi, dès lors, la guerre serait-elle le symptôme?
Il faudra donc s’opposer au « romantisme » de la guerre – théâtre poignant, épreuve où se distinguent les plus braves – pour reconnaître avec honnêteté ses conséquences détestables. Mais l’ordre causal inverse est autant pensable : la guerre découlerait, à titre de moyen, d’une fin supérieure à tout ce qui lui aura été sacrifié ; la liberté plutôt que la paix des esclaves, voilà une leçon qui traverse l’histoire de la pensée politique. Le mal n’existerait que pour ceux qui le subissent immédiatement, la nécessité serait patente pour les autres qui pourraient considérer les faits une fois écrits.
Mais la répartition des rôles apparaîtra ici aussi injuste qu’elle est aléatoire. Si le travail du négatif constitue la médiation nécessaire, si la négativité est inhérente à la réalité, alors on peut exiger de la vie de l’esprit qu’elle surmonte ce qu’il y a de détestable dans son expression pour