Juin 194.
Ma Chère
C’est impossible de décrire combien tu me manques. Même si ma mère reste avec moi pendant ce temps, je suis en train de vivre une solitude à laquelle je ne suis pas habitué, dans cette ville qui se vide peu à peu, minute à minute, à cause du mal qui châtie ce peuple oranais.
Hier soir, encore plusieurs gens ont perdu leurs vies, et je me sens complètement impotent car mes efforts ne montrent aucun résultat. Par fois, je voudrais tout laisser tomber, mais au même temps, je sais que ma place doit être à ton côté, et non pas dans cet enfer de poussier dont la vie s’en fuit rapidement, et pour cela je demande ton pardon. Mais pour te rejoindre, cette maudite peste doit finir, et c’est cela qui me pousse à continuer mon travail.
Mais ça suffît de cette énumération de mauvaises nouvelles, avec espoir je prie que les tiens soient meilleurs. Tu sais, des fois, je t’imagine levée, en train de regarder par la fenêtre, plaine de vie comme le jour où je t’ai vu pour la première fois, parfaite; je rêve tellement fort de te revoir comme ça! Il faut que tu soies forte même si je ne suis pas avec toi, mon amour.
Je m’excuse de ne pouvoir t’écrire plus souvent, mais il y a trop de choses à faire pour ce peuple affligé, et très peu de personnes pour aider. Mais une chose c’est certain, je t’aime et je vais continuer à faire tout ce que je puisse pour te revoir. C’est dur de ne t’avoir pas avec moi, mais, moi aussi, je dois me montrer fort face à cette situation si je veux nous revoir ensembles.

Bon ma chérie, c’est tout pour l’instant et je dois retourner au boulot.
Ton Mari qui t’adore
Bernard

Soit forte , atands