La psychanalyse et ses détracteurs
Vannina Micheli-Rechtman
Paris, Aubier, coll. « Psychanalyse », 2007, 295 p.
L’essai élégant de Vannina Michel-Rechtman, psychiatre et psychanalyste, membre d’Espace analytique, n’est pas, comme son titre pourrait laisser croire, une réponse aux détracteurs de la psychanalyse. C’est plutôt une sorte de relevé cartographique du rapport de la psychanalyse à ses détracteurs, qui procède des ébats et polémiques actuelles, puis qui s’enfonce peu à peu dans l’histoire intellectuelle sous-jacente, qui retrouve les sources anciennes de ces polémiques, et qui dégage de façon ordonnée les strates successives de ce que furent, déjà du temps de Freud, les réfutations opposées à la psychanalyse. On ne peut réduire cette démarche à une simple mise en perspective plus ou moins neutre des contestations récentes, qui aurait, pauvre but, l’ambition suspecte de les « relativiser », au service d’une psychanalyse sacralisée. V. Micheli-Rechtman s’efforce au contraire de donner leur relief propre à un certain nombre de piquants, qui surprennent à leur tour le lecteur de deux manières.
La première, c’est qu’elle réinscrit la psychanalyse de Freud dans un contexte, celui de l’Entre-deux-guerres, où « la science » était en tant que telle menacée par tout un ensemble de prétentions autoproclamées supérieures, qu’elles fussent religieuses, spiritualistes, racialistes (la science « juive ») ou politiques (la science « bourgeoise ») — de telle sorte que Freud a explicitement cherché à installer la psychanalyse d’un côté de la barrière, contre ce qui menaçait de l’autre, et qui lui semblait mettre en péril la culture. On a oublié cela : l’importance de la critique des illusions métaphysiques et religieuses, et l’universalisme freudien de la raison critique. La seconde, c’est que pour V. Micheli-Rechtman, le projet strictement « naturaliste » de Freud n’a plus la valeur qu’il avait, et qu’il convient désormais de séparer la façon dont Freud a