la séparation des pouvoirs chez Montesquieu
« C'est une expérience éternelle que toute personne qui détient le pouvoir est naturellement porté à en abuser » d'après Montesquieu. Plusieurs auteurs avant Montesquieu se sont tournés vers une séparation des pouvoirs, c'est-à-dire une attribution des pouvoirs (le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire) à trois organes distincts de l’État pour éviter d'éventuels abus de pouvoir. Dès l'antiquité, Aristote distingue les différentes formes d'activités de l'État mais il ne perçoit pas encore l'utilité d'en invoquer une séparation. Bien plus tard, John Locke reconnaît, dans Essai sur le Gouvernement civil de 1690, l'importance d'une séparation qui empêcherait la concentration de tous les pouvoirs dans les mains d'un seul (despotisme). Mais la théorie la plus importante est celle de Montesquieu, moraliste, magistrat, penseur et philosophe contemporain de l'époque des Lumières qui développe et approfondit les idées de Locke dans son ouvrage De l'esprit des lois de 1748 en récusant l'absolutisme de Louis XIV. Ce principe sert par la suite de fondement à la pensée libérale révolutionnaire, comme en France dès la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, et que les constitutions les plus modernes ou récentes tentent toujours d'appliquer. Néanmoins, à l'instar de Locke, Montesquieu n'admet pas une séparation, mais une simple distinction ou distribution des pouvoirs entre les puissances, d'où une interprétation parfois erronée de la théorie de Montesquieu. Ainsi, en quoi consiste la théorie de séparation des pouvoirs selon cet auteur éclairé et quelles sont ses limites?
Dans une première partie il convient d'exposer le principe de la séparation des pouvoirs et sa relation avec les régimes politiques, puis dans une deuxième partie ses limites.
I) La séparation des pouvoirs, garantie d'un régime libre
1) contexte
a) la liberté comme but premier
L'objectif de