La technique et le travail
On s’accorde pour penser que le travail est une dimension essentielle, constitutive de la nature humaine. L'Homme se détache ainsi du monde animal, car les animaux ne travaillent pas: en effet, ils se comportent de manière immédiatement conforme au développement de leur espèce : le castor qui construit son barrage ne peut pas faire autrement. Ce qui différencie l'Homme de l'animal est donc le projet.
D'autre part, le travail permet aussi à l’homme de subvenir à ses besoins et désirs matériels : il permet ainsi de se libérer de la dépendance vis à vis de la nature (cf. cromagnon). Mais il semble aussi être un facteur de liberté future : je travaille pour passer de bonnes vacances au soleil et pour avoir une bonne retraite. Mais une question se pose alors : l’organisation sociale que suppose le «perfectionnement» du travail ne conduit-elle pas nécessairement à une hiérarchisation qui, dans sa face plus sombre, peut conduire à ce que l’homme travaillant pour un autre que lui-même, se trouve à la fois privé des fruits de son travail et de son activité même en tant qu’elle est dirigée par un autre. On en vient alors à la critique de Marx.
Le travail est-il ce qui me libère ou ce qui m'emprisonne?
Cette question en amène une seconde : si ce même « perfectionnement » du travail exige la production d’outils de plus en plus performants, offrant la possibilité à l’homme d’acquérir une maîtrise sur la nature, la technique ne menace-t-elle pas cependant d’exercer sa maîtrise sur l’homme lui-même, celui-ci se trouvant dépossédé de ses forces propres, se voyant aliéné ? On peut ainsi comprendre pourquoi, dans la pensée moderne, après l’ « utopie » du progrès technique (Voltaire), synonyme de progrès de l’humanité, la technique fut l’objet de très vives critiques.
Mais au-delà de celles-ci, ne faut-il pas pourtant reconnaître que la technique est anthropologiquement constitutive (formatrice de l’homme) : que l’on pense ici à l’invention