Le chene et le roseau
La fontaine met en scène deux arbres dans un débat animé, deux arbres dont l’un affirme sa suprématie et sa domination face à l’autre plus chétif qui revendique la souplesse comme autre qua lité. L’argumentation de l’un s’oppose à celle de l’autre, mais c’est le vent qui donne la réponse. Lutte rhétorique dont le roseau sort vainqueur par la force des choses. S’agit-il seulement d’une apologie de l’humilité ? Quelle peut-être la visée morale de cette fable ? Quel est le point de vue du fabuliste ?
1 Le chêne se distingue par un discours prétentieux et dominateur - Le discours établit une hiérarchie : le chêne pointe l’extrême faiblesse du roseau par les disproportions (« roitelet / pesant fardeau », la place du groupe « pour vous », le superlatif « le moindre », « vous oblige », le glissement lexical qui va de « rider » à « baisser la tête ». De faiblesse physique on passe à faiblesse morale « vous oblige » signale aussi la soumission. Il en vient à stigmatiser la mauvaise naissance : l’irréel du présent « si vous naissiez » pointe le sort défavorable qui le prive d’un protecteur, face à une réalité ordinaire et inconfortable « humides bords ».
- Le chêne affirme sa supériorité et sa suffisance. Par l’opposition radicale « tête/mon front », le front désignant l’audace et la bravoure, quand la tête capitule. Emploi d’une comparaison hyperbolique (le Caucase) qui suspend l’énonciation, et la concession « non content » qui amène l’expression à dimension épique. Suffisance de la pensée entamée et bouclée par une affirmation redondante « la nature injuste » reprise de l’adv. bien. Glissement d’un énoncé à la deuxième personne qui prétend exprimer la condition du roseau : « me semble » révèle cette dernière prétention du chêne qui prend pour vérité partagée l’image qu’il se fait du monde.
2 Le roseau répond de façon mesurée et sage.
- La reconnaissance est feinte, la politesse du roseau est jouée. Il résume le discours du