Le cinéma parlant
|Le cinéma parlant – EP 04 255 05 – |
|Le passage du muet au parlant |
|Extraits de textes |
Chaplin, « Contre les talkies [1] »
« Les talkies, vous pouvez dire que je les déteste !”, ils viennent gâcher l’art le plus ancien du monde, l’art de la pantomime. Ils anéantissent la grande beauté du silence. L’écran est pictural. Images […] Beauté et sex appeal, les deux éléments qui ont fait du cinéma ce qu’il est aujourd’hui. Je ne me servirai pas de la parole dans mon nouveau film Les Lumières de la ville. Je ne m’en servirai jamais […] mais je me servirai de l’accompagnement musical, c’est là une toute autre affaire […] Le film parlant s’attaque aux traditions de la pantomime […] Histoire et mouvement se soumettent à la parole […] Insensiblement notre jouet s’est mué en une forme d’art reconnue. Les acteurs savent que l’objectif enregistre non des mots mais des pensées. Des pensées et des émotions. Ils ont appris l’alphabet du mouvement ; la poésie du geste […] Les émotions extrêmes de l’âme sont muettes, animales, grotesques ou d’une formidable beauté […] Le cinéma n’a aucun rapport avec le théâtre […] Il est absolument original. Dans La Ruée vers l’or, je mets en pièce un oreiller, les plumes dansent, blanches sur l’écran noir. Au théâtre, impossible de réussir cet effet. Du reste à la vivacité de la scène, qu’auraient ajouté les mots. L’art cinématographique ressemble à la musique mieux qu’aucun autre […] Le film parlant devient un succédané du théâtre. Pis encore, un substitut de l’art théâtral au lieu de cet art lui-même. Contrefaçon d’un art plus ancien et