Le langage est il un simple instrument de communication
I/ Peut-on penser sans langage ?
La définition commune du langage comme instrument de communication semble de prime abord pleine de bon sens : on pense d’abord quelque chose en soi puis on l’extériorise à l’aide des signes linguistiques, le plus souvent des mots, mais aussi des gestes ou plus généralement tout système de signes de manière à exprimer ce qu’on pense à autrui. Il y aurait donc un premier moment essentiel, celui de la formation de l'idée dans le silence de l’intériorité, puis un second moment, accidentel celui-là, de sa communication verbale.
Dans une telle représentation on suppose donc que la pensée existe pour soi, antérieurement et indépendamment du langage. Nos pensées sont censées se former dans une relation directe et intuitive du sujet à l’objet et ne recourir finalement et accessoirement au langage que pour se communiquer. Dans une telle conception le langage n’intervient ni dans la formation ni dans la formulation de la pensée, pas plus qu’il n’est présent dans la relation du sujet à l'objet (que ce soit dans la perception d’une chose : je vois une table, ou dans la conception d’une idée quelconque : je réfléchis à la liberté par exemple).
Mais pouvons-nous penser sans langage ?
Certes, du fait de l’immédiateté soit de la perception de l’objet ou de la production de nos représentations intellectuelles, nous avons le sentiment que notre pensée est totalement indépendante du langage. Mais ce sentiment est trompeur car il occulte d’un certain nombre de faits : d’une part que toute visée intellectuelle ayant un objet précis s'appuie sur les mot (c’est une contrainte de formulation de la pensée) ; d’autre part que nous pensons toujours dans une langue, à l’intérieur de sa grammaire de son lexique (c’est alors une contrainte de formation de la pensée)
A/ Nous pensons avec les mots
En effet contrairement à ce qu’implique la conception cartésienne,