Le libraire
A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez.
Effectivement nous pouvons dire que dans les deux poèmes étudiés, Garneau et Nelligan ont une même vision de la fatalité, c’est-à-dire qu’ils associent la fatalité à la mort. Nous pouvons constaté que dans Cage d’oiseau, de monsieur Garneau, cette fatalité mène à la mort. Dans ce poème, l’auteur définie la mort par l’action de «mangé»: «Il ne pourra s’en aller ∕Qu’après avoir tout mangé∕ Mon cœur∕ La source du sang ∕Avec la vie dedans» (vers 19 à 23). Garneau ressent le besoin de parler de son cœur qui le mènera probablement à une mort précoce . Garneau parle aussi de la mort à travers l’oiseau : «L’oiseau dans ma cage d’os ∕La mort dans ma cage d’os.» (vers 4, 14). L’Oiseau vit à l’intérieur du poète. Il le dévore, le gruge et s’évadera que s’il prend la vie du poète : «Il aura mon âme au bec.» (vers 24). L’auteur devra se sacrifier, sacrifier son âme pour permettre à l’oiseau de vivre. Dans Les Corbeaux, d’Émile Nelligan, la vision de la fatalité amène aussi à la mort. Il parle de la mort en utilisant des expressions à caractère ténébreux : «des vols funèbres», «Lugubrement», «des tombeaux», «nos ténèbres». Avec ces expressions, nous nous retrouvons dans une ambiance plutôt sombre. Nelligan met aussi une métaphore qui fait valoir la fatalité : «Et flairant un régal de carcasses de zèbres∕ Or, cette proie échue à ces démons des nuits∕ N’était autre que ma Vie en loque, aux ennuis∕ Vastes qui tournant sur elle ainsi toujours» (vers 6 et 8 à 11). La métaphore met une emphase sur les effets de la mort sur sa vie.
Garneau et Nelligan ont liés la fatalité à la mort mais cette fatalité ne provient, ne vient, pas de même place, endroit. Effectivement, dans Cage d’oiseau, la fatalité ne provient pas de n’importe où, elle provient de l’intérieure. L’auteur, Saint-Denys Garneau,