Le pouvoir de l'état peut-il s'exercer sans violence ?
Dans les sociétés contemporaines, le pouvoir politique repose sur un type bien définit d’organisation : l’État. Ce type d’organisation est apparu en Europe dans le cadre d’un processus qui débute à l’époque de la féodalité, et s’est imposé comme l’unique mode de gouvernement des sociétés contemporaines : il n’y a pratiquement pas aujourd’hui de pouvoir politique légitime en dehors de l’État. Le pouvoir de l’état s’est constitué dans les sociétés occidentales à partir d’un certain nombre de monopoles, c’est a dire d’activités que lui seul pouvait exercer, de ressources dont il était le seul a pouvoir disposer et qu’aucun autre groupe au sein de la société n’était en mesure de lui disputer. Jusqu'à une période récente il s’agissait en particulier du monopole de la production des lois, du monopole fiscal, économique, judiciaire et le monopole de la représentation collective. Mais la plupart de ces positions monopolistiques se sont érodées en Europe en raison du transfert de certaines de ces prérogatives au niveau de l’union européenne car le système repose aujourd’hui sur une architecture hybride, qui combine des domaines relevant encore de la souveraineté des États - nations et d’autres qui sont de plus en plus régis par une logique se rapprochant du fédéralisme. Mais le monopole étatique le plus essentiel, celui qui permet de mieux distinguer l’État de tous les autres groupes organisés, relève encore très largement aujourd’hui de la violence physique légitime. En effet, tout pouvoir repose toujours sur un mélange de légitimité et d’usage de la contrainte. Pour exercer durablement le pouvoir, il faut donc être habilité par les gouvernés à le faire, donc disposer de la légitimité, mais il faut aussi pouvoir contraindre les récalcitrants à se plier aux règles et aux ordres donnés. C’est pourquoi le pouvoir s’appui toujours, en dernière instance, sur la force physique. Pour cette raison le