Le recueil Les Mains Libres (dessins et poèmes) peut-il être lu comme un éloge de la main ?
Les mains sont d'abord l'outil premier de l'activité artistique. En tant que telles, elles sont un outil de la liberté et de la toute-puissance. Pour Man Ray qui dessine comme pour Éluard qui écrit, les mains sont l'instrument indispensable à la pratique de leur art. Les Mains Libres : le titre du recueil leur rend en quelque sorte hommage. L'adjectif qualificatif "libres" en définit la caractéristique principale. Cette liberté doit s'entendre de deux façons : elle est celle des deux auteurs, restes chacuns de leur côté maîtres de leurs choix ; et elle est celles des mains qui vont parfois à leurs guise. Éluard choisit de titrer l'un de ses poèmes "Les mains libres", au regard d'undessin qui n'est qu'un enchevêtrement de lignes sans signification. Leur liberté est telle qu'elles peuvent s'aventurer dans l'incohérent et l'absurde.
Les mains sont aussi l'expression des émotions, soulignent nos relations avec autrui. Elles sont l'image du désir, de l'entente, du lien entre les humains. C'est pour ces raisons que les mains ont une dimension humaine.
Elles sont sensuelles, elles se tendent vers le visage aimé dans "L'évidence", elles retiennent les cheveux de la femme convoitée dans "Le désir", elles caressent des fruits, images des formes féminines, dans "Mains et fruits". Et qu'en d'elles ne désirent pas, elles accueillent, reçoivent ou donnent. "Le mannequin" tend bien les siennes, à hauteur de sa poitrine et paumes ouvertes l'une en face de l'autre. "Belle main" évoque d'anciennes et amoureuses promenades, "am main" dans "tes