La mémoire et l’histoire sont proches et lointaines à la fois. Les deux ont en commun un pont entre passé et présent ; l’histoire étudie et tente de comprendre les événements du passé afin de répondre aux perpétuelles demandes du présent. Alors que la mémoire en ravive le souvenir et les préserve ou non de l’oubli. En effet la mémoire, elle, est sélective et peut être refoulée contrairement à l’histoire qui, elle, est écrite, et que nous ne pouvons qu’accepter. Toutes deux sont donc liées, mais de nature différente. La Seconde Guerre mondiale a constitué un temps d'épreuves pour la France : défaite de 1940, occupation allemande, régime de Vichy et collaboration avec l'Allemagne, participation à la politique génocidaire des nazis. C'est aussi une période où des Français ont combattu pour les valeurs de liberté dans des mouvements de résistance. La résistance a été omniprésente dans la mémoire de la second Guerre mondiale. Réapparaissent alors des mémoires minoritaires, celles des victimes, finalement entendues, et celles des bourreaux, enfin jugés. Les années 1980 ouvrent une ère nouvelle, avec les procès des anciens responsables de Vichy, l’émergence du négationnisme, mais aussi la reconnaissance progressive de la responsabilité de l’État français dans le génocide juif. Nous allons donc voir dans quelle mesure le travail des historiens ont eu un impact sur les mémoires de la 2nd Guerre mondiale en France. Dans un premier temps, nous verrons la période qui va de l’après-guerre à la fin des années 1960 pendant laquelle une mémoire « résistancialiste » est dominante. Puis dans un second temps, du début des années 1970 jusqu’à 1995, un travail historique mène à une relecture des mémoires de la 2ème guerre mondiale. Et pour finir, nous verrons que cette mémoire est apaisée et plus consensuelle depuis 1995. Jusqu'à 1960, nous avions, en France, deux mémoires dominantes de la deuxième Guerre mondiale. L'une était une mémoire