Le travail nous rend t-il libre?
Etudions tout d’abord dans quelle mesure le travail se révèle une contrainte douloureuse, un impératif source de souffrances.
Il s’agit, manifestement, d’une conception ancienne du travail : la Bible, déjà, en fait la condamnation de l’Homme, celle d’Adam, coupable d’avoir désobéi : "Le sol sera maudit à cause toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de la vie." A ce châtiment s’oppose l’image de l’Eden, lieu de facilité. Ce dernier tableau est à rapprocher de celui que se faisaient les grecs de l’âge d’or. Là encore, nul labeur. Précisons d’ailleurs que le "travail", au sens où nous pouvons l’entendre, était absent de la vie des citoyens grecs, qui se consacraient essentiellement à des activités jugées plus nobles telles que la politique. Les tâches étaient confiées aux esclaves, simples producteurs, déconsidérés. Le terme "déconsidérés" apparaît même impropre : le travailleur d’alors (l’esclave) n’est pas considéré. Pour Aristote, il n’est que le "prolongement du bras de son maître", un outil animé. L’individu chargé des tâches matérielles perd totalement son