Lecture analytique Incipit Thérèse Desqueyroux, Mauriac
- François Mauriac est un romancier du début de XXe siècle. Dans ses œuvres (Le Nœud de vipères,
Génitrix...), il se montre un remarquable analyste des passions humaines et pourfendeur de la bourgeoisie provinciale. Thérèse Desqueyroux, écrit en 1927 a pour héroïne une jeune femme, étouffée par le poids des conventions bourgeoises, du mariage et la maternité qui a tenté d’empoisonner son mari. Le passage étudié est l’incipit du roman, dans lequel nous découvrons
Thérèse qui, sortant du palais de justice avec son avocat, retrouve son père M. Larroque.
- (Lecture)
- Nous nous demanderons comment cet incipit parvient à donner au lecteur l’envie de découvrir le passé de Thérèse en lui cachant volontairement des éléments importants pour la compréhension de l’histoire. - (Annonce du plan)
1. Un début In medias res
1.1 Un cadre judiciaire
- Dès la première phrase, le lecteur est plongé dans l'action du roman, comme s'il connaissait déjà les protagonistes : Thérèse Desqueyroux est immédiatement nommée et « l’avocat » est déterminé par l’article défini « l’ » (l. 1).
- Le roman débute dans un univers judiciaire. Le champ lexical de la justice est présent : « avocat » et
« palais de justice » (l. 1), « déposition » (l. 36).
- L’avocat proclame avec enthousiasme (« cria » l. 4) le « non-lieu » décidé par la cour (décision d’abandonner les poursuites face à une justification ou une insuffisance de preuve). On comprend que le verdict du procès n’est pas un aboutissement mais bien le point de départ de l’histoire : nous sommes dans un début in medias res (= l’action a déjà commencé).
1.2 Une atmosphère de mystère
- A la sortie du palais, Thérèse cherche à fuir les journalistes : « Elle avait peur d'être attendue, hésitait à sortir » (l. 3), et attend le signal de Duros qui lui dit : « Vous pouvez sortir, il n’y a personne » (l. 6),
Larroque les attend le « col relevé » (l. 4) pour se cacher, et l’avocat « répondait à mi-voix, comme s’ils
eussent