Lecture Analytique Le CID
Rodrigue vient d’apprendre l’offense faite à son père , Don Diegue, par le père de Chimène. Don Diègue, âgé, n’a pas pu se venger lui-même et conjure son fils de laver l’affront du soufflet. Il lui remet son épée. Rodrigue se retrouve sel et ne sait pas s’il va venger son père en tuant le père de celle qu’il aime.
LECTURE
Comment s’exprime le dilemme de Rodrigue ?
Nous nous intéresserons tout d’abord au douloureux problème du choix...
I- Un douloureux problème de choix
A/ Le saisissement lyrique
Rodrigue n’envisage pas tout d’abord les deux termes de l’alternative à laquelle le destin le confronte : venger son père ou ne pas le venger. Son discours est, en premier lieu, l’expression d’une douleur pure qui éclate dans une série d’oppositions constituant les 4 premiers vers des stances. C’est le jaillissement de la souffrance d’un être dont la violence est attestée par les termes « percé » v1 « atteinte » v2 « mortelle » v2. Ces termes appartiennent au registre guerrier. La blessure infligée est en quelque sorte l’envers de l’image amoureuse de la flèche. Ce renversement sera d’ailleurs sensible dans les 2 derniers vers de la strophe 1 où l’affront s’est lui aussi substitué à l’amour qui devrait unir les deux familles par le mariage des enfants « En cet affront mon père est offensé,/ Et l’offenser le père de Chimène » v9-10. Cette première strophe est marquée par le saisissement de Rodrigue face à l’incroyable et insupportable réalité du lien tragique dont le chiasme v9-10 se fait l’image. Plus encore, l’être est dessaisi de lui-même, près de rompre sous la violence de cette révélation. La plainte qui court dans les 6 premiers vers culmine après u n enjambement sur le verbe « cède » qui en constitue sensiblement l’acmé « je demeure immobile et mon âme abattue / Cède au coup qui me tue » v5-6. L’amplitude première de la plainte est alors brisée et l’émotion devient plus intense et plus intériorisée lors