Les interventions humanitaires
Le surgissement de la controverse autour des concepts de « droit » ou de « devoir d’ingérence » date du début des années 1990 et de l’avènement du nouvel ordre mondial unipolaire. Aujourd’hui, les crises dites « humanitaires » et les guerres dites « préventives » ont replacé au coeur des débats internationaux la problématique d’un interventionnisme en quête de légitimation éthique ou juridique. Dans les conditions actuelles, l’ambiguïté de l’action humanitaire reste totale. Souvent instrumentalisés ou récupérés, ses promoteurs et leurs intentions apparaissent inféodés aux intérêts géostratégiques et aux politiques du « deux poids, deux mesures » des grandes puissances. Sur le terrain dès lors, l’amalgame entre interventions humanitaire et militaire prévaut. Dans d’autres situations, les ressorts et la logique du « complexe humanitaro-urgencier » continuent de poser question. L’organisation de la charité se substitue-t-elle aux programmes de développement ? L’ingérence humanitaire ne trahit-elle pas un aveu d’échec converti en urgence ? Comment s’articulent, dans les pays « assistés », intervenants extérieurs et acteurs locaux ? Et pour quels effets et résultats, en termes de durabilité et de reconstruction démocratique et égalitaire ?
Intervention humanitaire (aperçu historique)
En politique internationale, l'idée d'intervention humanitaire est apparue durant la Guerre du Biafra (1967-1970). Le conflit a entraîné une épouvantable famine, largement couverte par les médias occidentaux mais totalement ignorée par les chefs d'États et de gouvernement au nom de la neutralité et de la non-ingérence.
Cette situation a entraîné la création d'ONG comme Médecins sans frontières qui défendent l'idée que certaines situations sanitaires exceptionnelles peuvent justifier à titre extraordinaire la remise en cause de la souveraineté des États. Le concept a été théorisé à la fin des années 1980, notamment par le professeur de droit Mario Bettati et l'homme