Les liaisons
Avril 2006 Les Réécritures Laclos, Frears
Les Liaisons dangereuses
> Français, Première L
Le film de Stephen Frears (Dangerous Liaisons, 1988) reprend assez fidèlement le roman de Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses, 1782). Il est considéré comme l’un des exemples canoniques de l’adaptation réussie d’un livre au cinéma et est à ce titre souvent étudié en classe. Il est cependant interessant de remarquer que le film de Frears est en fait l’adaptation cinématographique (par son auteur) d’une pièce de théâtre du dramaturge Christopher Hampton, transposition dramatique du roman épistolaire de Laclos. L’adaptation au cinéma repose au préalable sur une certaine théâtralité du texte, qui a permis sa transposition pour la scène. C’est par ce biais nouveau que nous aborderons le livre et le film, dans le cadre d’un travail sur les “Réécritures” : sous quelles formes se manifeste la théâtralité du roman, qui a permis son adaptation à l’écran ? En préambule, on pourra faire remarquer qu’à la différence du roman classique, le roman épistolaire met en œuvre une polyphonie. Laclos orchestre ainsi des voix multiples aisément identifiables à leur style, et fait vivre de véritables personnages au sens théâtral du ter me. La juxtaposition de la voix naïve de Cécile ou stupide de sa mère et du machiavélisme de la Marquise, le contraste entre le lyrisme de Tourvel face au cynisme de Valmont, sont autant de moyens de faire rebondir l’attention du lecteur et la tension de l’action. On objectera que le principe du roman par lettres, basé sur l’éloignement des protagonistes qui provoque la correspondance, ainsi que le foisonnement des intrigues secondaires, contreviennent directement aux règles d’unités (temps, lieu, action) du théâtre. C’est justement tout l’intérêt du travail de Christopher Hampton en tant que dramaturge puis de scénariste d’avoir résolu cette contradiction et révélé la dimension théâtrale du roman, que l’on pourra étudier sous trois