Les médias sont-ils nécessaires pour gouverner ?
« La mission du journaliste consiste à rendre intéressant ce qui est important, pas important ce qui est intéressant. », affirme fermement Serge Halimi dans Les nouveaux chiens de garde.
Aujourd’hui pourtant, les médias – entendus dans le sens de médias de masse – semblent avoir acquis la double fonction d’être, auprès de la population, ceux qui à la fois rendent compte de l’information et à la fois permettent aux individus de se divertir. La frontière semble donc s’être estompée entre les mondes de l’important et de l’intéressant.
De l’estompement de cette frontière est né l’infotainment, mélange du genre de l’informationnel et de celui du divertissement, qui a permis, avec les nouvelles technologies de communication, aux médias de devenir omniprésents dans la vie de nos sociétés modernes au point de pouvoir en influencer directement ou indirectement tous les aspects.
Ainsi, cette influence toujours plus puissante de la sphère médiatique sur les opinions et les faits semble aujourd’hui pouvoir rivaliser, voire s’imposer, au(x) pouvoir(s) politique(s) au point d’être devenu un « quatrième pouvoir », un contre-pouvoir, ou même une « tyrannie médiatique », remettant directement en cause la souveraineté de l’Etat.
En effet, comment gouverner, autrement dit comment « exercer sur un pays, un peuple, le pouvoir politique » de manière absolue, face aux médias – comme la presse, la radio, la télévision ou la rumeur – dont la puissance d’ériger et de détruire les hommes et les opinions semble absolue ? En d’autres termes, maîtriser les médias est-il nécessaire pour gouverner ?
Si la maîtrise des médias semble indispensable à l’exercice du pouvoir politique I), premièrement parce qu’elle est le vecteur direct de communication de ce pouvoir I - 1), puis parce qu’elle permet d’asseoir la légitimité de ce dernier I - 2), il apparaît que c’est l’apparence de la prise en compte de ces médias qui soit nécessaire, et