Les objets dans beckett
« J’emploie les mots que tu m’as appris. S’ils ne veulent plus rien dire apprends-m’en d’autres. Ou laisse-moi me taire. » Fin de partie.
Dans l’œuvre d’Artaud comme dans celle de Beckett, le langage textuel n’est pas plus important que le langage scénique, ce qui est un trait évident de notre modernité et de l’évolution du théâtre.
« L’asservissement à l’auteur, la soumission au texte, quel funèbre bateau ! Mais chaque texte a des possibilités infinies. » écrit Artaud.
Ces possibilités infinies, Samuel Beckett en fait état dans ses Notebooks sur le travail de mise en scène. L’œuvre de Beckett reflète, au moins en partie, ce que recherche Antonin Artaud, qui considère la mise en scène :
« 1° d’une part, comme la matérialisation visuelle et plastique de la parole. 2° Comme le langage de tout ce qui peut se dire et se signifier sur une scène indépendamment de la parole, de tout ce qui trouve son expression dans l’espace, ou qui peut être atteint ou désagrégé par lui. » Car, dit Winnie « Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent. (…) Qu’est-ce qu’on peut bien faire alors, jusqu’à ce qu’ils reviennent ? Se coiffer, si on ne l’a pas fait, ou s’il y a un doute, se curer les ongles s’ils ont besoin d’être curés, avec ça on peut voir venir. »
Le texte de Beckett est ici explicite : les gestes et les objets dont se servent les personnages matérialisent ce que le langage ne suffit plus à exprimer sur la scène. En effet, les objets scéniques sont porteurs de significations.
Artaud écrit dans le Théâtre Alfred Jarry : « l’on verra ce que peut être une mise en scène qui fuit les artifices pour retrouver avec des objets et des signes directs une réalité plus réelle que la réalité. »
Si l’on compare les nombreuses didascalies données par Beckett dans