Mai lecture analytique
Rhénanes, « Mai »
Introduction
Les poèmes constituant le groupe des Rhénanes sont un peu à part dans l’œuvre de Guillaume Apollinaire (1880-1918), plus connu pour son statut d’avant-gardiste du surréalisme, pour les aspects novateurs d’Alcools ainsi que pour les calligrammes dont il est à l’origine.
Ces poèmes font en effet référence au séjour d’Apollinaire en Allemagne, où il est précepteur et voyage quelques temps. Il apprécie les légendes de ce pays qui, ajoutées à son amour pour Annie Playden, lui fournissent une source d’inspiration importante pour les neuf poèmes des Rhénanes.
Le poème étudié, « Mai », est d’abord publié en 1905 sous le titre de « Mai 1902 », en référence directe à la vie de l’auteur. Il évoque une promenade en barque et la manière dont le paysage reflète son âme, créant ainsi un véritable paysage mental.
Poème étudié
Mai
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
APOLLINAIRE, Alcools, 1913
I/ L’importance du paysage
1/ La prédominance de la nature
Ce poème est sans conteste marqué par la présence de la nature tout autour du poète. Autour du Rhin et de ses eaux s’épanouissent des arbres, « saules pleureurs » et autres « vergers », « cerisiers » dont se détachent des «