Peut on vouloir le mal?
Nous avons vu que la façon dont est posée la question sous-entend que l’on ne peut pas vouloir faire le mal, i.e., on ne peut pas vouloir faire le mal pour le mal. Afin de voir quelles raisons on peut apporter à cette impossibilité, nous allons étudier les arguments les plus classiques en faveur de cette thèse. On trouve deux sortes de solutions "non volontaristes " : 1) La thèse platonicienne : celui qui fait le mal ne sait pas ce qu’il fait, et se trompe : il veut faire le bien, mais il prend le mal pour le bien Cette thèse apparaît très nettement dans deux textes de Platon : Protagoras, 352b-357a ; Ménon, 77b-78a. Pour Platon, celui qui connaît le bien le fera nécessairement, et évitera le mal. On ne fait donc jamais le mal volontairement. NB : la thèse de Platon renvoie à l’enseignement socratique, que l’on qualifie d’ " intellectualisme moral " (thèse selon laquelle on ne peut savoir le bien et ne pas le faire).
Chez Platon, celui qui fait le mal ne le voulait donc pas mais il est victime d’une illusion : voulant le bien, son bien, soit entendu comme plaisir, soit comme bonheur, il fait le mal, le prenant pour le bien. On ne peut vouloir le mal, mais seulement le bien. Cette explication du mal moral revient à dire que son origine se trouve dans les pulsions, dans l’inconscient, dans la passion. Pas dans la raison, ou dans la partie réflexive, intelligente, de notre âme.
C’est par exemple une envie soudaine, une pulsion incontrôlée, qui va pousser le criminel à violer, l’empêchant de réfléchir au caractère bon ou mauvais de son acte. Il en a envie, et ce désir l’emporte sur l’intellect…
2) L’argument du déterminisme : le criminel est biologiquement/ génétiquement programmé pour le faire le mal (variante moderne)
C’est la thèse "scientifique " de l’anthropologie criminelle du XIXe (Lombroso, Le Gall), qui affirme que. le criminel a un cerveau défectueux. C’est par une "inclination de