Platon, philèbe
Plaisir et douleur Platon développe alors une théorie du plaisir et de la douleur inspirée en grande partie de la médecine hippocratique : lorsque le vivant ressent l’harmonie, ou la mesure qui le fait un, il éprouve du plaisir ; lorsque, au contraire, cette harmonie se détruit, il fait l’expérience de sa propre désagrégation, et il éprouve alors de la douleur. Ceci vaut tout autant pour le corps que pour l’âme, car l’âme est une par l’acte de la réminiscence, et multiple dans la dispersion de l’oubli (33c-34c). Plaisir et douleur définissent les deux pôles, attractifs ou répulsifs, de la vie de désir. Telle est la vie du “philosophe”, non celle du “sage” (sophos), ou celle des dieux qui, parfaits, sont impassibles et ne désirent rien (33b). Le désir est le fait de l’âme, non du corps : l’âme seule en effet peut concevoir ce qui n’est pas, tandis que le corps n’est que ce qu’il est, dans l’état présent de sa constitution (35bd). Le corps est tout entier présent dans la sensation actuelle, seule l’âme, qui a la puissance du non-être (Sophiste), peut se porter au-delà. Cette distorsion de l’âme et du corps conduit à l’ambivalence du plaisir comme de la douleur : je peux souffrir par l’état présent et jouir par le souvenir du plaisir absent (36b). Distorsion, désaccord ou disharmonie : le plaisir peut être faussé, il peut être faux. Comment faut-il donc penser le plaisir faux, ou le plaisir vrai? Vérité ou fausseté du plaisir Comment faut-il donc juger du plaisir? Une estimation est bien possible, puisque nous avons reconnu que le plaisir, comme la douleur, est susceptible de plus ou de moins. Cependant, la jouissance n’étant que le sentiment qu’on en a, elle ne se rapporte à aucun modèle objectif, elle contient donc sa raison en elle-même, elle est donc toujours vraie. Platon établit alors une corrélation entre le plaisir ou la souffrance, et le jugement (37a-41a) : puisque le plaisir