Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
On attribue à Socrate la devise "connais toi toi même " inscrite au fronton du temple de Delphes. Mais dans le souci des grecs de son époque cette formule prend plutôt le sens de connais tes propres limites, prends conscience de ton ignorance que sache qui tu es, tes défauts, tes qualités. Se connaître soi même suppose avant tout la possibilité, tout au long de notre existence, de se considérer soi même comme une identité, une personne capable de faire un retour sur soi, bref d'avoir conscience de soi. Mais alors qu'est ce qui pourrait faire obstacle à cette connaissance si un simple égard intérieur suffisait, si l'immédiateté de la conscience donnait accès à ce qui est le plus intime et le plus proche de soi ?
Le problème est celui de la subjectivité de la connaissance de soi qui n'est pas immédiate puisque l'on suppose qu'il faut chercher à se connaître soi même, c'est à dire que la connaissance de soi nous échappe. Il s'agit de mettre en œuvre une méthode, un processus de connaissance, comme par exemple une démonstration, qui me permette de savoir qui je suis. Mais il s'agit aussi de constituer le soi en tant qu'objet a connaître, comme quelque chose que je mets à distance de moi même pour pouvoir l'étudier. Or, nous supposons à cette recherche, que l'on veut objective, une intention et un but comme s'il y avait des raisons importantes de se connaître alors que différents obstacles empêchent de saisir ce qui nous appartient en propre, ce fameux moi dont Pascal affirmait qu'il est "haïssable". Il conviendra donc de se demander quels sont les motifs qui nous poussent à nous connaître et qu'elle est la valeur de cette connaissance dans le déroulement d'une existence où nous ne sommes pas seuls et où nous ne sommes pas toujours maître de notre propre moi.
I. L'injonction du "connais toi toi même"
La conscience comme relation immédiate de soi à soi. La connaissance de soi est elle immédiate ou