Avant-propos
Les préoccupations environnementales conjuguées à l’angoisse du consommateur et du citoyen en matière de sécurité sanitaire et alimentaire, fortement médiatisées, ont fait émergé le principe de précaution (PP) qui, en très peu de temps, est devenu l’expression d’une « culture de précaution » qui cherche à apaiser les craintes exprimées au niveau national et international et servir comme nouvel interface entre la connaissance et la prise de décision politique 1.
Le progrès scientifique et technique, instrument de pouvoir et outil d’épanouissement de nos sociétés contemporaine, associé à l'émergence d'une mondialisation et à la diffusion de l'information incite, plus que jamais, le citoyen à revenir sur l’idée de progrès. Retour, somme tout réflexif, fondé sur une exploration et un examen critique des aventures, voire des avatars de cette idée-force dans la modernité 2 et qui se traduit en responsabilité de l’homme envers son environnement3 « Le savoir [….] doit être du même ordre de grandeur que l’ampleur causale de notre agir [….] le savoir prévisionnel reste en deçà du savoir technique qui donne son pouvoir à notre agir [….] Le gouffre entre la force du savoir prévisionnel et le pouvoir du faire engendre un nouveau problème éthique. Reconnaitre l’ignorance devient ainsi l’autre versant de l’obligation du savoir »
Au-delà du risque aléatoire ou intentionnel, le risque reste principalement d’ordre technologique où l’homme prend une grande part de responsabilité dans les maux de l’environnement. Cette responsabilité sociale doit anticiper les conséquences de l’acte humain afin de préserver la nature et la survie humaine.
Au demeurant, le PP "paraît constituer une sorte de symptôme pour une série d'évolutions qui le dépassent"4. Ainsi, la précaution met en exergue aussi bien les dangers d’une technoscience mal maitrisé qu'une volonté sociale de reprendre prise sur le déroulement de ce processus 5.
En France, dès les années 1980, le PP