Qu'est-ce que prouver
Si l’on en croit Edmond Goblot, la preuve est « un fait purement intellectuel, ou un ensemble de faits purement intellectuels, qui est la condition suffisante d’un autre fait intellectuel » (Traité de logique, p.21). En d’autres termes, une preuve est une raison logique de confirmer une proposition. Mais cette définition est en réalité insuffisante ; en effet, le vocable « preuve » vient du latin probatio, qui signifie littéralement « épreuve », et qui peut être définie de différentes manières selon le domaine auquel il s’applique. Si dans le domaine juridique, « prouver » signifie établir la culpabilité d’un accusé grâce à un ensemble d’éléments, dans le domaine scientifique ou épistémologique, on prouve quand on établit qu’une proposition ou un résultat sont vrais au terme d’une procédure précise. Il existe, en épistémologie, deux manières de prouver : la preuve qui se réfère à des idées prend l’aspect de la déduction, ou de la démonstration, mais il existe aussi une preuve inductive, qui, comme son nom l’indique, procède d’un raisonnement qui conclue des lois scientifiques générales à partir de cas particuliers. S’interroger sur l’essence de la preuve, c’est comprendre ce qui la constitue, et comprendre aussi comment elle fonctionne. Ainsi, pour savoir ce que veut dire « prouver », il ne s’agit pas uniquement d’établir une définition qui explique étymologiquement le sens du mot, mais il s’agit de nous demander comment et pourquoi prouver. C’est ce que nous tenterons d’analyser dans notre étude, en partant dans un premier temps du présupposé selon lequel une preuve permet d’établir la vérité d’une proposition ou d’un résultat. Puis nous nuancerons ce propos, en analysant les limites et les failles de la preuve, qu’elle soit démonstrative ou expérimentale, avant de nous demander pourquoi il semble si important pour l’Homme de prouver.
« Une démonstration est une déduction destinée à prouver la vérité de sa conclusion en s’appuyant