Qu'est que je perds quand je perds mon temps
Le temps désigne la durée irréversible dans laquelle les phénomènes et les êtres vivants se succèdent. Il n’a pas d’existence matérielle, pourtant nous employons communément des expressions qui supposent que le temps peut être possédé « j’ai tout mon temps », ou égaré « j’ai perdu mon temps ». D’autre part, l’utilisation de l’adjectif « mon » marque la possession et marque bien que le temps serait une quantité limitée dont je dispose. Mais nous verrons que ces expressions populaires sont trompeuses, en aucun cas je ne suis maître du temps et il ne peut m’appartenir puisqu’il n’est pas un objet. Alors qu’est c e que je perds quand je perds mon temps ? Qu’est ce qui m’échappe de façon irrémédiable quand je gâche mon temps ? Est-ce une partie quantifiable de la durée de mon existence ou est ce « passer à coté » d’expériences que j’aurais pu faire ?
Nous ne pouvons ni « trouver », ni « perdre » du temps, le temps n’est pas matériel et nous ne pouvons ni le transformer, ni le modifier comme s’il était un objet. Selon Saint augustin, « le temps n’est rien d’autre qu’une distorsion de l’âme », en effet c’est notre conscience qui fait surgir le temps, car elle est imprégnée des trois dimensions du temps, le présent étant toujours entouré de souvenirs et d’un avenir, et c’est elle qui fait le trait d’union entre ces différents moments.
Nous ne pouvons donc pas perdre quelque chose qui est uniquement dans notre conscience : « il y a en effet dans l’âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l’avenir, l’attente ». Dans les contes de fées, les personnages endormis par magie n’ont pas conscience de la durée effectivement écoulée lorsqu’ils se réveillent, faute de la perception d’un changement quelconque comme par exemple celui des saisons, puisque effectivement « c’est en percevant le