Résumé court mémoires d'une jeune fille rangée
(1958)
Autobiographie
« Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. » Simone de Beauvoir se penche d’abord sur son enfance de fillette parisienne, dans une famille bourgeoise, avec ses joies, ses peines, ses soucis, ses rêveries mystiques (« La foi me défendait : je fermais les yeux et en un éclair : les mains neigeuses des anges me transporteraient au ciel. »), l'amour qu'elle portait à sa mère et à son père, ses relations avec sa sœur, dite Poupette, de deux ans et demi sa cadette : « Grâce à ma sœur, ma sujette, ma complice, j'affirmais mon autonomie ». « Je n'avais pas de frère : pas de comparaison ne me révéla que certaines licences m'étaient refusées à cause de mon sexe. Je n'imputai qu'à mon âge les contraintes qu'on m'infligeait, je ressentis vivement mon enfance, jamais ma féminité. » Puis la petite fille préféra son père, qui était cultivé et incroyant, à sa mère qui était très croyante, connaissant donc une évolution psychologique normale.
Les premières années s'écoulèrent sans heurt dans le confort d'un appartement du boulevard Raspail. Mais des revers de fortune obligèrent les Beauvoir à des replis vers d'autres logis moins spacieux, dont l’un rue de Rennes. Les projets d'avenir se firent plus âpres : sans dot, les filles devraient travailler pour vivre, et le père s'irritait de ce qu'il considérait comme une déchéance.
L’éducation donnée à la maison fut confirmée par celle, très pieuse, donnée au cours Désir : elle était fondée sur le principe d’autorité, ce système « à la fois monolithique et incohérent » présentant différents rouages : le christianisme conformiste, puritain, de la mère contredit par le scepticisme du père ; le conservatisme, le nationalisme. On vit en même temps que Simone l'année scolaire d'une petite fille des années trente qui était une sage élève : « Je m'enrichissais des planches de