Schizophrénie et mémoire de travail
(H. Ollat)

1.

La mémoire de travail

1.1. Pour les cognitivistes la mémoire de travail est une mémoire à court terme, de capacité limitée, qui assure simultanément le maintien des représentations cognitives et leur "manipulation" pour des opérations telles que la compréhension du langage ou la résolution de problèmes. Baddeley (1,2) en a développé une modélisation selon laquelle le système de mémoire de travail comporte un "administrateur central" et des "systèmes asservis" dont les mieux connus sont la "boucle phonologique" et le "bloc-notes visuo-spatial" (figure 1).
Informations verbales Ecrites Auditives Codage phonologique Analyse phonologique ADMINISTRATEUR CENTRAL Informations visuospatiales

Stock phonologique

Stock visuospatial

Boucle de récapitulation articulatoire BOUCLE PHONOLOGIQUE

Boucle de récapitulation BLOC-NOTES VISUOSPATIAL

Figure 1. Le système de mémoire de travail (d'après Baddeley, 1992).

• L'administrateur central a d'abord été conçu comme un contrôleur attentionnel général assurant la sélection, la coordination et le contrôle des opérations réalisées par les systèmes asservis. Grâce aux données neuropsychologiques et à celles de la neuroimagerie fonctionnelle, il apparaît désormais que l'administrateur central est impliqué dans des processus à la fois plus diversifiés et plus spécifiques, qui sont ceux des "fonctions exécutives" tels que i) la sélection des informations qu'elles soient immédiates (processus attentionnels) ou enregistrées dans les systèmes de mémoire à long terme. La mémoire de travail se situerait ainsi à l'interface entre la cognition et la mémoire à long terme (3), et l'administrateur central permettrait à l'individu d'organiser son comportement non pas en fonction de stimulations immédiates mais en fonction de représentations internes de l'environnement ii) l'allocation des ressources attentionnelles et cognitives pour l'élaboration de plans d'action mentaux