Smith
CHAPITRE 1 : ADAM SMITH ET LA RICHESSE DES NATIONS
Deux raisons principales expliquent pourquoi les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith1, dont la première édition date de 1776, ont été considérées comme le texte fondateur de la pensée économique classique. La première tient à l’ampleur de l’ouvrage qui aborde de manière systématique l’ensemble des questions relatives à l’économie politique, telles qu’elles se présentent à la fin du XVIIIe siècle. Cette synthèse d’idées anciennes et nouvelles a largement contribué non seulement à son succès, puisque plusieurs éditions se sont succédées du vivant de Smith, mais aussi à en faire le livre de référence pour tous les économistes ultérieurs, aussi bien en Grande-Bretagne que sur le Continent. La deuxième raison, qui n’est pas étrangère à la précédente, réside dans la quatrième partie de l’ouvrage. Smith y opère un regroupement des analyses antérieures aux siennes en deux principaux courants, qu’il qualifie respectivement de système mercantile et de système de l’agriculture, pour les critiquer en les renvoyant dos à dos. Au premier, rassemblant les analyses d’auteurs que nous rangeons aujourd’hui dans le courant mercantiliste, il reproche de confondre la richesse avec l’abondance des métaux précieux et de faire du commerce extérieur la seule source de l’enrichissement des nations. Au second, correspondant au courant physiocratique, il reproche de limiter la richesse nationale au seul produit de l’agriculture et de considérer la classe des artisans, des manufacturiers et des marchands, comme totalement stérile, c’est-à-dire comme non productrice de richesse. En procédant à cette synthèse critique, Smith parvient à mettre en valeur par contraste le bien-fondé de son propre système, tout en offrant des fondements méthodologiques et conceptuels pour de nouvelles réflexions. L’originalité de l’approche analytique de Smith est clairement affirmée dès les premières lignes de la