Sociolinguistique et la didactique de langue première
Claude Vargas
• Laboratoire Parole et Langage, CNRS UMR 6057, Université de Provence • I.U.F.M. d’Aix-Marseille c.vargas@aix-mrs.iufm.fr
Résumé
La “langue maternelle” (L1) d’un enfant ne représente qu’une partie de la langue véhiculaire. L’école a pour mission de faire acquérir, au-delà du code commun, des éléments légitimes de la langue véhiculaire (relevant de la norme dominante). Mais, selon le milieu d’origine de l’élève, cette “langue scolaire” peut constituer une série de normes étrangères menaçantes pour ses propres normes, à fonction identitaire majeure. La didactique plurinormaliste du français pourrait représenter une réponse à ce problème. L’acquisition d’une L2 pose le même type de problème, mais au niveau de la langue et non de ses normes, alors que pour une langue étrangère le problème pourra concerner non l’objet et ses caractéristiques, mais l’intérêt de son apprentissage.
Mots clés
Didactique plurinormaliste – Langue première, seconde, étrangère – Norme(s) – Sociolinguistique
Langue maternelle ou Langue 1 ?
D’un point de vue empirique, la langue maternelle est la langue de communication utilisée couramment par un locuteur. De fait, une définition un peu rigoureuse de cette notion est relativement délicate. Peut-on se contenter de dire que la langue maternelle est celle qui n’est pas étrangère (Coste & Galisson, 1976 ; p. 198) ? Et/ou seconde, selon le triptyque Français Langue Maternelle, Français Langue seconde, Français Langue Étrangère ? De fait, la notion de langue maternelle est une notion problématique, largement remise en question depuis longtemps par différents (socio)linguistes. Si l’on prend l’expression au sens strict, il s’agirait de la langue de la mère. Ce qui n’est pas forcément le cas. On cite toujours volontiers l’exemple de la tribu amazonienne où les mariages exogamiques linguistiquement hétérogènes, amènent la femme à apprendre la langue du mari (qui constitue la langue