sociétés animales et sociétés humaines
La grande différence entre les sociétés animales et les sociétés humaines est que, dans les premières, l’individu est gouverné exclusivement du dedans, par les instincts (sauf une faible part d’éducation individuelle, qui dépend elle-même de l’instinct) ; tandis que les sociétés humaines présentent un phénomène nouveau, d’une nature spéciale, qui consiste en ce que certaines manières d’agir sont imposées ou du moins proposées du dehors à l’individu et se surajoutent à sa nature propre : tel est le caractère des « institutions » (au sens large du mot), que rend possible l’existence du langage, et dont le langage est lui-même un exemple. Elles prennent corps dans les individus successifs sans que cette succession en détruise la continuité ; leur présence est le caractère distinctif des sociétés humaines, et l’objet propre de la sociologie.
Durkheim
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. Questions 1) Dégagez l’idée générale et les étapes logiques du texte.
2) Définissez de façon précise le sens qu’ont dans ce texte les termes « instinct » et « institution ».
3) Lorsque Durkheim parle du rôle des institutions, quel sens faut-il donner à la nuance : « … imposées ou du moins proposées … à l’individu » ?
4) Peut-on concevoir l’existence de l’homme sans les institutions ? [Intitulée « Sur société », cette courte note est parue dans le Bulletin de la Société française de philosophie, n°15 en 1917 (cf. Émile Durkheim, Textes 1. Éléments d’une théorie sociale, Les éditions de minuit, 1975, p.71)] Corrigé L’homme vit en société aussi loin qu’on remonte dans l’histoire, voire dans la préhistoire. Mais nombre d’animaux aussi comme certains singes ou certains insectes. Les sociétés