Sécurité collective en afrique
Amadou Makhtar Ndiaye
Chef d’escadron sénégalais, 18e promotion du Collège interarmées de défense (CID).
U
n bref regard sur une carte des crises en Afrique ferait apparaître d’emblée une image convenue, celle d’un espace marqué par une forte conflictualité. Une telle carte pourrait avoir comme miroir celle des principales missions de maintien ou de rétablissement de la paix déployées dans le monde au cours de la décennie 2000. Le continent africain y figure en effet en première place *. Cette image serait toutefois incomplète sans l’analyse d’un aspect marquant de cette période, à savoir une volonté affichée d’« africaniser » la prévention, la gestion et la résolution de ces crises. La mutation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en Union africaine (UA) en 2002, a voulu symboliser ce nouveau cap. L’Acte constitutif de l’UA (Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité adopté au Sommet de Durban (Afrique du Sud) en 2002) l’indique clairement en soulignant que « le fléau des conflits en Afrique constitue une entrave majeure à son développement socio-économique d’où la nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité comme préalables à la mise en œuvre de son agenda d’intégration et de développement ».
Cette démarche est soutenue par une réforme institutionnelle majeure, avec un accent particulier apporté au domaine de la paix et de la sécurité. Elle se traduit par la mise sur pied d’une Architecture de la paix et de la sécurité africaine (APSA) avec deux piliers majeurs : le Conseil de paix et de sécurité (CPS) et la Force africaine en attente (FAA). Institués par l’Acte de 2002, ils révolutionnent l’approche de l’organisation africaine en matière de paix et de sécurité, avec en perspective le règlement exclusif des conflits africains par des organisations et des capacités africaines. L’UA affiche, dès cet instant, une plus grande visibilité et un