A une passante : les procédés rhétoriques et leur interprétation
« A une passante »
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Texte :
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857
Éléments d’introduction et contexte :
Baudelaire :
- poète et critique d’art du 19ème siècle
- entre Romantisme, Parnasse et Symbolisme
- considéré comme le père de la poésie moderne
- meurt très malade
Les Fleurs du Mal :
- principal recueil (plus de 80 sonnets sur 161 poèmes)
- symbolise sa volonté de faire du beau avec de la boue
- recueil censuré et condamné pour pornographie et atteinte aux mœurs
« A une passante » :
- une dédicace, un hommage
- suggère l’impact très fort de la rencontre
Construction du texte :
Sonnet : 14 vers (2 quatrains et 2 tercets)
Alexandrins
Rimes ABBA ABBA CCD EED
Charnière entre les 2 quatrains et les 2 tercets + Chute au 14e vers
Les procédés rhétoriques et leur interprétation :
Procédés Interprétations
Antithèse « éclair » et « nuit » (v.9) Insiste sur l’opposition entre la fulgurante lumière de la foudre et la pénombre absolue de la nuit afin de montrer que cette femme illumine le monde de sa présence, même temporairement, puisque la nuit retombe tout de suite après son passage.
Métaphore « un éclair » (v.9) Symbolise et