L'esthétique de la violence chez littel
En s'interdisant de penser, de se poser des questions, de juger le bien et le mal, le nazi se contente d'obéir, et c'est cette obéissance qui banalise l'horreur. Aue, à travers son témoignage, veut se blanchir, se mettre hors de cause. A la vue de la jeune fille mourante, page 126, son sentiment de devoir et humain se confrontent : « (...)ce regard se planta en moi, j'étais une vulgaire poupée et ne ressentais rien, et en même temps je voulais de tout mon cœur me pencher et lui essuyer la terre et la sueur sur son front, lui caresser la joue et lui dire que ça allait, que tout irait pour le mieux, mais à la place je lui tirai convulsivement une balle dans la tête(...) ». Le regard de la jeune fille qu'il croise est essentiel : il provoque en lui une certaine sensibilité qui le destabilise. C’est connu : plus le bourreau se sent étranger à la victime, plus il l'élimine aisément. Tout devient possible dès