l'ignorance
THESE: L’homme est porté à imaginer ce qu’il ne connait pas, son ignorance l’amène alors à croire, à adhérer, mené par sa sensibilité, à des idées qu’il ne peut pourtant pas prouver.
C’est l’ignorance qui rend l’enfant crédule, qui le fait adhérer au discours de ses éducateurs. L’ignorance est donc un manque de connaissance, et c’est surtout l’état de celui qui, ne connaissance pas une chose, ne peut se fier qu’à sa sensibilité et à son expérience pour juger. Il ne s’appuie que sur sa subjectivité pour penser, n’ayant pas les moyens d’exercer sa raison.
D’où l’émergence de la pensée magique : l’individu centré d’abord sur lui-même confond ses désirs et la réalité, il croit que ce qu’il imagine, ce qu’il se représente est la réalité. D’où l’apparition de la croyance : considérer comme vrai quelque chose que l’on ne peut prouver mais auquel on adhère spontanément car cela satisfait un désir, un intérêt ; c’est une certitude subjective.
Lucrèce, philosophe latin du Ier siècle après Jésus Christ et disciple d’Epicure, nous explique cela dans son livre De la nature. L’homme serait d’abord ignorant du monde, ce qui le porte à imaginer ce qu’il ne connait pas. Ainsi, il projette sur le monde ses propres désirs (jugement anthropomorphe). D’où la croyance en Dieu car il projette sur le monde sa peur de la mort et imagine un être supérieur qui l’en préservera. Cependant, Lucrèce, comme Epicure, estime que la religion n’est ici que superstition. C’est une