L'Algérie dans l'oeuvre d'Assia Djebar
Dans la majorité de ses textes, surtout ceux de la période de maturité, publiés après son départ définitif de l’Algérie à laquelle elle n’a pourtant cessé de revenir périodiquement,
Djebar, la « fille de la montagne », se définit comme une « fugitive », comme une
« étrangère » à ce pays : « Moi, la lointaine, presque l’étrangère, l’errante en tout cas. » (B.
A, p. 55)1. Son œuvre est traversée de ce sentiment de « dépossession » ou de « déshérence » qui en fait une « expulsée » de l’espace algérien, espace, pourtant, presqu’exclusif de son écriture. Comme on aborde un pays toujours à travers ses deux aspects géographique puis historique, nous adopterons dans cette communication cette démarche qui a l’avantage de nous aider à ratisser l’œuvre prolifique de Djebar même si, bien entendu, nous ne prétendons aucunement à l’exhaustivité en abordant un sujet aussi ambitieux et qui nécessite certainement un travail beaucoup plus développé et même un ouvrage entier. Nous insèrerons dans ces deux aspects incontournables l’aspect culturel qui rendra compte surtout des ambitions de l’auteure pour son Algérie rêvée et l’aspect autobiographique qui démontrera à quel point la terre algérienne et son Histoire se mêlent à l’histoire personnelle de cette écrivaine. Notre travail s’articulera donc en deux grandes parties au sein desquelles nous oscillerons – nous tanguerons, dirait Djebar -- entre l’expérience personnelle de l’auteure et l’espace puis l’Histoire de toute sa patrie. Car il va sans dire que, dans la majorité de ses textes, l’écriture autobiographique se conjugue souvent avec l’écriture historique pour former une esthétique de va et vient entre les petits épisodes de sa vie de jeune fille, d’adolescente puis de femme mariée et les événements souvent dangereux et destructeurs qui façonnent l’Histoire et même la géographie de l’Algérie.
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Le Blanc de l’Algérie, récit, Paris, Albin Michel, 2006. Toutes les citations tirées de cette