L EPITAPHE DE DESNOS
INTRO
Prophète du surréalisme, concepteur facétieux d'affiches publicitaires, explorateur et expérimentateur du langage, curieux infatigable du Paris de son enfance...rien ne prédisposait Robert Desnos à une fin grave et tragique dans les camps de concentration du IIIème Reich. Il entra très tôt dans la Résistance. Pour Desnos, ce fut, comme beaucoup de ses pairs, la publication clandestine de poèmes de combat et d'espoir mais aussi, au sein d'un réseau, une lutte active qu'il paiera de sa vie. A ce titre, son Epitaphe, publié en 1944 dans le recueil Contrées, que, déjà arrêté et déporté, il ne tiendra jamais dans ses mains; nous interpelle doublement.
En quoi cette Epitaphe est- elle un testament ?
I) De l'épitaphe de Villon à l'épitaphe de Desnos
1) Un projet de résistance à l'occupation :
- Pour le lecteur contemporain de Desnos, les références à l'épitaphe de Villon sont transparentes, poème extrêmement connu, quasi scolaire. Il aura reconnu le titre et la situation d'énonciation particulière.
- Le poète Francois-Francais est associé, à postérité, à l'affirmation de la liberté et de insoumission. On a une hommage formel, le poète révolutionnaire Desnos devient traditionaliste. Illustrer les formes françaises, c'est affirmer une identité culturelle qui refuse de mourir. Cette illustration est double : par le sonnet et la ballade et plus profondément, par la structure du texte : situation d'énonciation particulière de la prosopopée . Elle a, outre l'effet de rappe, un effet persuasif en soi : mise en relief du paradoxe énonciatif « je suis mort » par le rejet.
2) Cet Hommage sert un projet personnel :
-Paramètres de l'énonciation bouleversés : le NOUS immédiat de Villon et des autres pendus se mue en un JE lointain
-Et, l'appel véhément à la pitié est devenu une interrogation pressante et troublante adressée non aux passants mais au lecteur → pour la liberté desquels ils se sont sacrifiés. Alors le Je de