Internet est un outil porteur de potentialités multiples et ambivalentes encore largement inexplorées. Il peut permettre d'approfondir les processus démocratiques, procurer une dimension nouvelle aux débats sur la liberté des individus; encourager les processus de coopération et de partage des connaissances. Mais il peut aussi, au prix de quelques aménagements techniques, devenir un instrument de surveillance, de manipulation, de contrôle social, qui nous éloignerait fortement d'une société fondée sur les valeurs que nous tenons pour universelles. Internet en soi n'est ni bon, ni mauvais, il n'a pas de valeur morale intrinsèque. Ses effets sociaux dépendent avant tout de ce que, collectivement, nous décidons d'en faire. Toutefois, comme nous le verrons, Internet marque sur le plan technique une véritable rupture par rapport aux moyens de communication qui l'ont précédé. Ce sont ces spécificités techniques qui rendent possible une nouvelle ère de la liberté de communication, générant ainsi des pratiques communicationnelles dont nous tâcherons d'évaluer la portée démocratique.
Internet, un réseau de communication fondé sur la liberté des utilisateurs face aux lacunes des moyens de communication précédentes, il faut en effet tenter de comprendre en quoi il diffère. Il est d'abord résultat d'un contexte social donné quel il faudra examiner. Car de ce dernier découlent certains choix qui ont présidé à son élaboration et qui font qu'Internet arbore des caractéristiques techniques faisant apparaître un certain nombre de potentialités quant à ses effets politiques.
La naissance d'un réseau fondé sur la commutation est d'abord le fruit d'un paradoxe. Ou comment un programme de recherche de l'armée américaine, qui traditionnellement repose sur un modèle organisationnel fortement hiérarchisé, aboutit à la création d'un réseau décentralisé, échappant aux modes traditionnels de régulation et que certains n'hésitent pas à qualifier de libertaire. L'objectif initial est