L'émergence des théories de l'esprit à l'âge préscolaire
En acquérant le geste de pointage, l'enfant accède à l'attention conjointe et par là à une première forme de communication traitant d'un autre, objet ou personne . Mais pour que la communication soit réelle et devienne conversation, l'enfant doit encore apprendre à prendre en compte le point de vue d'autrui.
Comment l'enfant en vient-il à comprendre qu'il y a des pensées, des désirs, des croyances, derrière les actes de ses semblables (Thommen, 2007) ?
Issu de l'éthologie cognitive et des travaux de Premack et Woodruff (1978) sur les chimpanzés, le courant de recherche des théories de l'esprit vise précisément à définir comment l'enfant attribue des états-mentaux à autrui, et par là à lui-même, comment ces représentations d'états mentaux évoluent et servent à l'enfant de prédicat au comportement d'autrui – d'où la notion de « théorie » de l'esprit (Melot, 1999).
L'ensemble des données recueillies empiriquement tend ainsi à démontrer une rupture franche dans l'émergence d'une théorie de l'esprit à l'âge de 4-5 ans, sous-tendue par la capacité à la manipulation explicite de méta-représentations (Melot, 1999 ; Bideaud, Houdé & Pidinielli, 1993). Certaines recherches montrent par ailleurs une utilisation accrue des vocables tels que « vouloir », « penser », « croire »,
« savoir » à cet âge (Bouchaud & Caron, 1999).
D'autres travaux tendent toutefois à modérer ce point de vue. En effet des comportements d'ébauche de théories de l'esprit ont pu être mis en évidence par Bartsch et Wellman (1995) avant l'âge de 4-5 ans. Dès l’âge de 3 ans, les enfants semblent ainsi saisir des relations causales entre désirs, résultats, émotions et actions, impliquant la mise en œuvre d'une théorie dite « implicite » de l'esprit (Bartsch et Wellman, 1995).
Pourtant à 3 ans l'enfant paraît incapable, dans les tâches classique de fausse croyance impliquant d'inférer le comportement d'autrui à partir de ce que cet