Démodocos

du jeune Télémaque, aussi bien qu’en une petite fille –, peut secourir qui elle désire en le plaçant sous son égide, comme à la fin du livre, lors du massacre des prétendants. Ensuite, j’évoquerai à dessein un épisode du chant VIII, quand l’aède Démodocos chante les amours d’Arès et d’Aphrodite, pourtant déjà compagne d’Héphaïstos qui, pour se venger, dresse une « fine toile d’araignée » au-dessus de leur lit, que « pas même l’un des dieux bienheureux » ne pouvait apercevoir. Voici un exemple de passage

de Ménélas qui lui raconte comment Hélène, approchant du cheval, se mit à appeler chaque chef achéen en imitant la voix de sa femme, et comment Ulysse empêcha les guerriers de répondre. Au chant VIII, Ulysse, chez les Phéaciens, demande à l’aède Démodocos de chanter "l’histoire du cheval qu’Épéios, assisté d’Athéna, construisit" : "Il dit comment les Grecs avaient pillé la ville,/se répandant hors du cheval, quittant le piège creux ;/comment chacun avait saccagé sa part de la ville" (514-516). Au

tout l’expérience de l’impuissance du logos (de la parole) face au monstre. Perdant peu à peu son identité (il se fait appelle « Personne »), Ulysse ne pourra recouvrer celle-ci qu’à partir du moment où il entendra ses aventures dans la bouche de Démodocos. Certes, Ulysse donne son nom à la fin du passage, mais c’est essentiellement pour présenter son acte comme l’accomplissement de la volonté divine. Ainsi Ulysse est amené peu à peu à perdre ses valeurs humaines, son statut de héros guerrier et son

disparaît ; Ulysse est un naufragé , un étranger , à la merci de ses hôtes . Or le rituel de la purification indique au chant VI que les épreuves sont finies : Ulysse racontant ses aventures au chant VIII fait exister l’épopée qui sera transmise par Démodocos ; le chant XIII met sur le même plan l’Iliade et l’Odyssée : Ulysse dormant est « ce héros sage comme les dieux » , « l’Egal des dieux » qui a « tant souffert » que ce soit « dans la bataille humaine » de la guerre de Troie ou « dans la douloureuse

ses marins et celui des Cyclopes « hors-la-loi ». Au début du chant IX, au vers 20, Ulysse se présente et commence le récit de ses aventures aux Phéaciens qui l’ont accueilli. Ceux-ci connaissent déjà Ulysse de réputation puisque l’aède Démodocos a chanté l’épisode de la prise de Troie grâce à la fameuse ruse du cheval. On peut supposer que c’est avec une attention soutenue et une curiosité émerveillée que les auditeurs Phéaciens vont écouter Ulysse en personne leur raconter ses propres aventures 

parallèle avec la propre terre d’Ulysse, Ithaque, où règne le désordre, notamment dans le domaine politique, de part l’absence du héros. Enfin, les Phéaciens sont une société cultivée, qui maîtrise la danse et aime écouter les récits du brillant aède Démodocos. Il ne faut pas non plus oublier que les Phéaciens sont de très bons navigateurs et qu’ils savent également recevoir leurs invités, preuve qu’ils ont une valeur essentielle, très importante aux yeux d’Ulysse : l’hospitalité. Ainsi, cette société

Fragile, il l’est physiquement, car il est rompu par la tempête, meurtri dans son corps, usé par ses épreuves : « j’ai déjà tant souffert, j’ai déjà si longtemps peiné à la guerre et sur l’eau ». Sensible, il l’est quand il pleure en écoutant l’aède Démodocos évoquer la tragédie de la guerre de Troie, mais aussi quand, triste, mélancolique, esseulé, loin des siens, dans l’ile de Calypso, il n’a plus gout à la vie : « il allait s’asseoir sur les pierres des grèves et il pleurait en regardant la mer sans

séjour chez Calypso puis sa navigation jusqu'en Phéacie et l'accueil que lui a fait Nausicaa. La conversation et le repas terminés, Ulysse passe la nuit au palais. Chant VIII Le lendemain, Alcinoos invite Ulysse à un banquet en son honneur. L'aède Démodocos chante la querelle d'Ulysse et d'Achille au temps de la guerre de Troie ; Ulysse ne peut retenir ses larmes à ce souvenir, mais il les dissimule et seul Alcinoos s'en rend compte. Pour changer les idées de son hôte, Alcinoos ordonne des jeux improvisés

d'accueillir ceux qui ont besoin d'aide et de leur offrir ce qui leur manque; des vêtements, de la nourriture, un abri pour quelques jours. Les hôtes doivent se montrer accueillant et faire plaisir à ceux qu'ils reçoivent; Alcinoos fait cesser le chant de Demodocos car Ulysse, son invité se met à pleurer. Lorsqu'un homme pratique l'hospitalité, il honore Zeus comme le dit Ulysse : " l'hospitalier, l'ami des hôtes respectables" mais elle s'accompagne aussi de sacrifices car celui qu'on reçoit doit être traité

le seul à aller au-delà de sa souffrance à ne pas baisser les bras, à poursuivre envers et contre tous et cela au-delà de ce qui est supportable. Les exemples sont nombreux, je choisirai celui de l’évocation des pleurs d’Ulysse lors du récit de Démodocos. Ulysse a un passé douloureux, il a supporté avec patience la mort de ses compagnons. Dans L’Iliade il perd ses égaux, ses compagnons d’armes ; dans L’Odyssée, il perd ses proches, ceux de sa terre. « Voilà ce que chantait l’illustre aède ; Ulysse/