Kundera Complexité

de l’imitation, qui comporte une exposition, un développement, des divertissements, des strettes et une coda ». Cette technique d’écriture, qui peut dérouter le lecteur habitué à une narration linéaire et limpide, incarne l’ambiguïté voire la complexité de la tâche de l’écrivain africain. Dans sa narration, celui-ci prend en compte plusieurs niveaux d’énonciation pour atteindre « l’effet de réel » escompté, et par là-même traduire l’atmosphère ambiante de l’univers des personnages. Le lecteur

société), ou encore s’en servir comme d’un porte-voix, grâce auquel il pourra lui-même exprimer indirectement des positions. Si, comme le souligne Louis Aragon, « le roman est une machine inventée par l’homme pour l’appréhension du réel dans sa complexité »1, le personnage est l’outil privilégié de la création romanesque pour comprendre le monde et le donner à voir au lecteur. Selon le contexte d’écriture, la société dans laquelle s’inscrit l’auteur (d’où l’importance de la biographie !), sa pensée

atteindre l’objectif de son art, qui est de peindre la vie, il devra s’efforcer de rendre cette symphonie humaine où nous sommes tous engagés, où toutes les destinées se prolongent dans les autres et se compénètrent. [3]» Dans L’art du roman, Milan Kundera a écrit : «Le roman qui ne découvre pas une portion jusqu’alors inconnue de l’existence est immoral. »[4] Nous avons ici choisi de rendre compte d’une « symphonie humaine » particulière : celle que l’on retrouve au cœur du roman francophone sub-saharien

Ricœur… Nous tentons ici de nous inspirer de leur travaux pour établir un corpus qui rendra compte des possibilités narratives. Toute formalisation implique des grilles de lectures simplifiées qu'il convient ensuite de nuancer pour appréhender la complexité de certains récits. L'analyse est réductrice, elle isole un aspect de l'œuvre, sans tenir compte nécessairement de leurs qualités intrinsèques. Pour la pratique scénaristique, l'outil théorique n'est pas d'un grand secours, il n'a pas d'incidence

transporter, naviguer, se promener, bourlinguer, courir, rouler, vagabonder, voir du pays, voyageur, explorateur, touriste, globe-trotter, vagabond, routard, migrateur, passager… Les nuances de la langue, notamment française, sont le reflet de la complexité, de la diversité et de la richesse que porte le Voyage. Nous ne savons pas si nous serons en mesure de définir le voyage en lui-même. En effet, ce dernier est personnel, relatif, abstrait parfois, tout dépend de ce que l’on quitte, de ce que l’on

pourront faire, à travers les textes, l’historique de ce lien des littératures au Sud avec l’affirmation identitaire, mais aussi montrer les limites de cette réduction au territoire. Le décentrement que suppose la formulation permet de montrer la complexité identitaire de notre postmodernité et de souligner la fonction irremplaçable de la littérature, qui est de trouver les mots pour ce non-[encore]dit. • Bilan des débats récents autour des concepts de théorie postcoloniale, de littératuremonde, d’hybridité

prêche auquel se livre Paneloux marque une évolution de sa pensée : il parle « d’un ton plus doux et plus réfléchi que la première fois » (l. 73-74, p. 215) et « ne di[t] plus “vous”, mais “nous” » (l. 76). La vision du monde du personnage gagne en complexité, puisque, comme le résume Tarrou : « Quand l’innocence a les yeux crevés, un chrétien doit perdre la foi ou accepter d’avoir les yeux crevés. Paneloux ne veut pas perdre la foi, il ira jusqu’au bout » (l. 261-263, p. 221). Aussi, lorsqu’il tombe

vue objectif (le point de vue de Dieu selon lexpresssion de Sartre applique Mauriac), van Cauwelaert en utilise une troisime, minoritaire, o lauteur est la fois prsent et absent, comme dans les romans et les contes de Voltaire ou ceux de Milan Kundera lauteur est dissoci de ses personnages, il est comme un personnage supplmentaire dont on sent la prsence par-derrire, en filigrane. une exception prs, tout le roman est compos ainsi. Les personnages sont nombreux et, pour la plupart, sont traits

objectif («le point de vue de Dieu» selon l'expresssion de Sartre appliquée à Mauriac), van Cauwelaert en utilise une troisième, minoritaire, où l'auteur est à la fois présent et absent, comme dans les romans et les contes de Voltaire ou ceux de Milan Kundera : l'auteur est dissocié de ses personnages, il est comme un personnage supplémentaire dont on sent la présence «par-derrière», en filigrane. À une exception près, tout le roman est composé ainsi. Les personnages sont nombreux et, pour la plupart

M. David, L’enfant de 2 à 6 ans : vie affective et problèmes familiaux, , Editions Dunod, 1997 ; M. JOUAN, S. LAUGIER, Comment penser l’autonomie : entre compétence et dépendances, 2009 ; A. MUCCHIELLI, L'identité, Que sais-je ?, 2011 ; M. KUNDERA, L'identité, Folio, 2000 ; A. MAALOUF, Les identités meurtrières, Livre de poche, 2001 ; C. HALPERN and Al., Identités : l'individu, le groupe, la société, Ed. des Sciences Humaines, 2009 ; C. DUBAR, La crise des identités, Ed. Lien social