La Jalousie Robbe Grillet

le modèle, la théorie dominante alors l’interdisaient : le Texte signifiait la « disparition élocutoire » de l’auteur, la structure impliquait la mort de la subjectivité, de la conscience, de l’homme même. Comme le personnage balzacien pour A. Robbe-Grillet, le « je » était alors une « notion périmée », une illusion à perdre, une passion inutile : le moi était redevenu « haïssable » parce que réactionnaire, bourgeois, futile, etc. Toutefois, si « les structures ne descendent pas dans la rue », les

aux Editions de Minuit : ces « romanciers de laboratoire » œuvrent à la disparition du narrateur, du personnage, de l’intrigue, de la chronologie au bénéfice de la subjectivité et du désordre de la vie, de la présence brute des choses avec surtout Alain Robbe-Grillet (Les Gommes, 1953), Michel Butor (La modification, 1957), Claude Simon (La route des Flandres, 1960) et Nathalie Sarraute (Le Planétarium, 1959) qui se différencient alors nettement des romanciers traditionnels comme Françoise Sagan (Bonjour tristesse)

par les peintres ? Que disent ces choix sur leur époque ? Ovide – Les huit livres des Amours traitent de tous les motifs traditionnels (l’attente devant la porte fermée, la maladie de l’aimée, la coquetterie, l’instant du premier triomphe, la jalousie, les turpitudes, l’amitié…). Les Catilinaires de Cicéron Un des genres majeurs de la littérature grecque et latine fut l’éloquence. Les grands discours politiques et judiciaires de Démosthène, Lysias, Isocrate, Cicéron, comme les discours des

Éditions de Minuit. Le terme fut créé, avec un sens négatif, par le critique Émile Henriot dans un article du journal Le Monde du 22 mai 1957, pour critiquer le roman la Jalousie, d'Alain Robbe-Grillet. Le terme sera exploité à la fois par des revues littéraires désireuses de créer de l'actualité ainsi que par Alain Robbe-Grillet qui souhaitait promouvoir les auteurs qu'il réunissait autour de lui, aux Éditions de Minuit, où il était conseiller éditorial. Il précède de peu la Nouvelle Vague qui naît

roman. L’expression « Nouveau Roman » est due à Émile Henriot qui l’employa en1957 pour rendre compte de La Jalousie d’Alain Robbe-Grillet et de Tropismes de Nathalie Sarraute. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une école ; les « Nouveaux Romanciers » ont cependant pour point commun de contester le roman traditionnel, de type balzacien. Claude Simon, Michel Butor, Alain Robbe-Grillet ou Nathalie Sarraute tentent ainsi de déconstruire l’intrigue traditionnelle en brouillant les repères habituels

Salle de bain1, qu’il n’osait pas envoyer aux Editions de Minuit : « La réputation de la maison me semblait franchement trop intellectuelle, c'est-à-dire pas très drôle »2, avouera-t-il. En revanche, il avait fait parvenir un exemplaire à Alain Robbe-Grillet, chez lequel, par hasard, le découvrit Jérôme Lindon, qui le publia en 1985. Le roman fera un succès de surprise. Par une publicité de bouche à oreille, 55.000 exemplaires étaient vendus en seulement quelques mois. Les critiques européens se précipitèrent

critiquent le statut du personnage auquel le lecteur s’identifie et propose des romans dans lesquels celui-ci n’est plus cohérent, ne ressemble plus à des personnes réelles mais sont des voix, des pensées ou des regards fragmentés (ex : La Jalousie, Alain Robbe-Grillet, 1957). Le personnage y apparaît ainsi souvent décomposé, instable, insaisissable à l’instar des romans de Samuel Beckett (comme dans ses oeuvres théâtrales ou cinématographiques). C’est ce qu’on appelle le « Nouveau roman ». Le roman de

(« l’être-jeté-là » au sens heideggérien) mais sur celle de se trouver « déjà-là ». Je ne suis en effet origine ni physiquement, ni culturellement, ni spirituellement. [5] On se rappelle du fameux « Vous n’avez jamais l’air de m’attendre », qu’Alain Robbe-Grillet a écrit dans le scénario pour le film d’Alain Resnais L’année dernière à Marienbad. « Car existe-il (je me plais à constater que vous êtes en cela de mon avis) quelque chose de plus charmant, de plus fertile et d’une nature plus positivement

assisté à un tel renversement dans certains textes de l'école du Nouveau roman, dans les années 1960. Ainsi, chez Alain Robbe-Grillet, c'est le plus souvent à travers des objets inertes ou des descriptions purement extérieures de personnage que nous est évoqué un récit qui se construit comme une succession d'indices narratifs et d'hypothèses (par exemple dans Les gommes ou La Jalousie). La description se refuse alors à assumer une fonction réaliste. Elle ne cesse de créer et de détruire la réalité à

JOUVE Vincent, L’Effet-personnage dans le roman, Paris, Presses Universitaires de France, 1998 – MIRAUX Jean-Philippe, Le personnage de roman : genèse, continuité, rupture, Paris, Nathan, 1997 – RAIMOND Michel, Le Roman, Armand Colin, 2002 – ROBBE-GRILLET Alain, Pour un nouveau roman, 1963 – SARRAUTE Nathalie, L’Ère du soupçon, 1956 6 | Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours P005-090-9782011355430.indd 6 06/09/11 11:58 Séquence ⁄ Le personnage, reflet du monde