Complementveritedemonstration
Introduction :
Avant de désigner certains domaines de l’activité humaine, la science désigne un phénomène de civilisation qui s’inscrit dans un système de valeurs. La scientificité est une valeur. Dire d’un discours quelconque qu’il est « scientifique », c’est porter sur lui, non pas seulement un jugement de fait, mais un jugement de valeur positif : on considère que si c’est scientifique, alors c’est vrai, c’est digne de confiance, c’est honnête, et surtout c’est prestigieux. La scientificité fonctionne aujourd’hui comme un label que tout chercheur s’efforce d’obtenir car dire d’une discipline qu’elle est « scientifique » a d’abord des conséquences sociales : l’obtention de crédits pour de nouvelles recherches, l’obtention d’une chair à l’université pour enseigner les résultats de ces recherches, la promotion des spécialistes de la discipline en experts qui gagnent en autorité et dont on va solliciter le jugement. D’où la nécessité d’établir des critères de la scientificité pour assurer une démarcation entre les discours scientifiques et les discours non-scientifiques. De tels critères sont encore une nécessité pour le chercheur, en cela qu’il n’a pas seulement besoin de savoir que son domaine de recherche est scientifique, mais aussi de savoir comment il doit procéder pour que sa recherche soit effectivement scientifique. Autrement dit, il a besoin d’un idéal de scientificité sur lequel régler sa pratique quotidienne. Une telle recherche appartient à l’épistémologie, pour autant que celle-ci prend la science comme objet d’étude. Parce que toute étude doit être capable de délimiter clairement son objet, la première tâche de toute épistémologie, avant d’étudier des problèmes particuliers comme, par exemple, la légitimité de l’induction, doit être d’établir des critères satisfaisants. C’est la raison pour laquelle il nous faut demander : y a-t-il des critères de la scientificité ?
Pour dégager de tels critères,