Date: 25 May 2006 à 12:54:57 CEST Sujet: Philosophie Politique L'EPISTEMOLOGIE DES SCIENCES SOCIALES La place croissante des sciences sociales dans les techniques de gouvernement et d’administration pose de manière aiguë la question de la scientificité des sciences et celle de la validité de leur méthode, c'est-à-dire au puzzle de l’épistémologie des sciences sociales. Qu’est-ce qui fait que les sciences sociales peuvent se parer du titre envié de « sciences » ? Pourquoi le sociologue peut-il prétendre comprendre plus objectivement le « réel » social qu’un lecteur attentif de Platon ou de Rousseau ? Comment expliquer cette invasion des sciences sociales dans tous les champs qu’elles avaient épargnés jusqu’à présent, ainsi l’épistémologie ou la philosophie morale ? D’un côté, il est clair que les sciences humaines ont apporté à la philosophie des matériaux précieux. Ainsi, l’ethnologie a singulièrement enrichi notre réflexion sur l’humain. Ou, du moins, a fourni des éléments empiriques qui permettaient apparemment de confirmer quelques unes des grandes thèses philosophiques les plus anciennes. Les exigences de la méthode des sciences ont également contraint les philosophes à un effort de clarté bien utile, dont on voit les effets dans la philosophie morale américaine contemporaine par exemple. Mais d’un autre côté, il est évident que les sciences humaines ne sont des sciences que dans le sens très général de savoir rationnel, soumis à l’exact critique, mais nullement dans le sens précis et moderne des sciences de la nature. A fortiori la prétention de certaines sciences humaines à être en quelque sorte des sciences architectoniques, des sciences qui ordonnent tous les autres savoirs, est-elle des plus vaines. Or cette prétention on la retrouve souvent dans la sociologie