Droit du travail
M. André, exploitant individuel, est épicier dans un village alpin. Tôt le matin, il officie dans son magasin, situé juste au-dessous de son appartement; il n'a que quelques pas à faire pour venir servir quelques rares et hypothétiques clients.
L’après-midi, il ferme la boutique et part en tournée. Dans ce dessein, il a acquis il y a plus d'un an, auprès de l'entreprise « Garage des Alpes SA », un véhicule tout terrain, d'occasion, au prix de 15000 euros. Suite à de très nombreuses pannes, M. André se décide à faire expertiser le véhicule.
L’expert note dans son rapport daté du mois dernier que le moteur, ainsi que certains éléments du châssis, résultent d e divers assemblages de véhicules différents. Il conclut que le véhicule est inutilisable en l'état, surtout l'hiver. Il estime le coût de remise en état à 7 000 euros.
Aujourd'hui, M. André se décide à engager une procédure judiciaire contre le Garage des Alpes SA.
Depuis près de dix ans, M. André survie dans sa boutique et il sillonne monts et vallées pour livrer sa clientèle, composée essentiellement de retraités, derniers habitants de bourgades isolées qui se meurent et de quelques fermes, plus ou moins à l'abandon. Ici, comme ailleurs, les jeunes partent grossir les villes. Sur les routes, l’été́ , M. André affronte la chaleur et, l'hiver, la neige et le brouillard. En toutes saisons, les journées sont très longues, mais riches en évènements. Impossible de tenir les horaires. Le soir, il rentre tard, fatigué, rompu. Qu'importe, les instants sont magiques. « Je suis un épicier heureux! » se plaît-il à répéter à Suzanne, son épouse depuis le printemps dernier. Pour chaque dîner, elle lui prépare avec amour une bonne soupe. Agent du Trésor public, c'est elle qui, le plus souvent, avec son maigre traitement, fait « bouillir la marmite ».
L’activité d'épicier de montagne périclitant, M. André jongle