Force et justice
Blaise Pascal
Selon Pascal, la justice a besoin de la force pour s'appliquer, et la force à besoin de la justice pour être légitime. Il faut donc les assembler. Peut-on mettre la force au service de la justice sans que le processus ne s'inverse? Les hommes ne respectent-ils la justice que parce qu'ils y sont obligés? La justice peut-elle s'associer à la force sans en devenir dépendante? Le droit, qui est supposé être l'expression de la justice, n'est-il en fait que le droit du plus fort?
Pascal oppose les concepts de justice et de force et conclut à la nécessité de les mettre ensemble. Justice et force semblent être deux concepts tout d'abord opposés. Le concept de justice est à la fois synonyme du droit, c'est-à-dire le système abstrait des valeurs fondamentales qui défend les idéaux d'égalité entre les hommes, de liberté individuelle et de droit à la sécurité et sur lequel se fonde la légitimité; et institution judiciaire, c'est-à-dire comme le système concret de la justice dans la société, chargé de faire respecter ces principes et sur lequel s'appuie la légalité. Quant au concept de force, c'est un concept ambiguë : est-ce une force d'oppression, violente, ou une force vertueuse, puissance au service du bien? Si l'on prend "force" comme "force d'oppression", elle est antagoniste avec la justice car dans cette force-là règne l'inégalité, la hiérarchie, la domination, toutes choses contraires à l'égalité et à la liberté défendues par la norme de justice. Si l'on prend "force" comme "force vertueuse", alors on la met au service de l'idéal de justice, comme instrument du judiciaire, puissance qui défend la justice, va avec elle et lui est subordonnée. Cependant, nous sommes moralement obligés de faire ce qui est juste. Mais c'est justement parce que nous y sommes "obligés" que nous avons la possibilité de nous y soustraire. Et dans ce cas-là, si nous évitons de faire ce qui est juste,