Le contrat sociale
"L'homme est né libre". L'idée de Rousseau s'oppose mot pour mot à une formule de Bossuet: "Les hommes naissent tous sujets". L'idée sera reprise dans la Déclaration des droits de l'homme (articles I et II). Elle est partagée par les théoriciens du droit naturel. La liberté est la seule qualité naturelle spécifique à l'homme reconnue par Rousseau. Pour lui, l'entendement n'est pas spécifique à l'homme. Les animaux ont en effet la faculté eux aussi de former des idées, bien qu'ils n'atteignent pas les idées générales. Seule la liberté, distinguée de l'instinct, est naturelle et propre à l'homme. [Discours sur l'inégalité]
S'il est naturel à l'homme d'être libre, voilà qui pourrait fournir le fondement d'un droit naturel à la liberté. C'est le raisonnement, par exemple, de John Locke. Rousseau semble ici prendre position sur la question de savoir si la liberté est innée ou bien à conquérir, si elle est naturelle ou bien instituée. Mais on conclurait un peu vite que pour Rousseau elle est innée. Pour l'instant, on se contentera de retenir qu'il y a une forme de liberté qui appartient à l'homme par nature. Il existe une liberté native.
L'homme est né libre, mais "partout il est dans les fers". On rapprochera ce début de la première phrase de l'Emile: "Tout est bien sortant des mains de l'Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l'homme". La nature a fait l'homme libre. Mais les hommes ont ensuite corrompu cette liberté. En effet, à l'époque de Rousseau, les monarchies sont absolues et de droit divin. Comment s'est fait ce changement, demande Rousseau. Il répond: je l'ignore. En fait, il croit le savoir, puisqu'il a décrit la perte de la liberté originelle dans le Second discours. Il faut sans doute comprendre: cela ne m'intéresse pas ici, ce n'est pas la question de ce livre. Intéressons-nous tout de même à la description par Rousseau du passage de l'état de nature à l'état de société.
2. L'hypothèse de l'état de nature