Le rôle du mythe d'orphée dans "tous les matins du monde"
"Tous les matins du monde", roman écrit par P.Quignard en 1991 et adapté en film par A.Corneau retrace la vie du musicien St Colombe et ses deux filles. On remarque la présence d'éléments du mythe d'Orphée. Nous verrons donc dans une premiere partie le rôle symbolique de ce mythe puis qu'il permet de montrer les limites de la musique.
I) un rôle symbolique
a) de la proximité vie/mort
Marin Marais présente son maître comme un homme familier de la mort : « Il a tout regardé du monde avec la grande flamme qu’on allume au chevet d’un mourant. » Ce thème baroque de la proximité de la vie et de la mort se déploie tout au long du film dans une réflexion sur la création. De fait, Sainte Colombe apparaît à l’écran en train de jouer au chevet d’un de ses amis. C’est le deuil de l’épouse qui entraîne l’enfermement dans l’art et permet la composition du Tombeau des regrets. De même, la mort de Madeleine est nécessaire pour que Marin Marais puisse donner libre cours à son génie. Les scènes de solitude font alterner des plans sur la mare bleutée, lieu de mort, et des plans sur la cabane, lieu de la libre improvisation. Ainsi, la mort s’avère être aussi source de vie et l’art permet de ressusciter la femme aimée. Marin Marais, devenu un artiste accompli dans l’épilogue, peut enfin honorer la mémoire de Madeleine en interprétant La Rêveuse.
Tel Orphée avec sa lyre, Sainte Colombe fait revenir sa femme du monde des morts grâce à sa viole. Avant de faire apparaître la belle morte, la caméra passe toujours par le regard de Sainte Colombe, ce qui annule tout effet fantastique. Ainsi, il transcende son chagrin par la musique et par le rêve.
L'écrivain rappelle dès l'incipit que « Monsieur de Sainte Colobe ne se consola pas de la mort de son épouse » (p. 9). La musique fut son refuge, sa « passion ». L'interprétation qu'il donne du Tombeau des regrets, telle une amulette, fait ressurgir les vestiges du passé. Sa viole, à l'instar de la lyre d'Orphée, devient